La voix de Poché

La voix de Poché

Pierre Devaux, chantre de Poché

Dans son numéro de Juin 2013, Sylvie Granger nous commentait l’arrivée dans l’église de Poché d’un livre de chant et, fort heureusement, d’un chantre en la personne de Pierre Devaux. Mais qui était donc ce Pierre Devaux, bordager de Sainte-Sabine,  qui avait accepté d’animer « assiduement » et « avec plaisir » les offices du curé Hulot à partir de 1775 ?

Après quelques heures de recherche dans les registres voici les informations que j’ai pu réunir :

En 1775, trois Pierre Devaux résident à Sainte-Sabine, le premier a 49 ans, le second, son fils en a 23, et le 3ème, neveu du premier,  en a 16. J’ai donc éliminé le 3ème, un peu jeune pour assurer cette fonction.

Je vais commencer par le plus jeune des deux autres : il est né le 24 janvier 1752 à Sainte-Sabine, s’est marié avec Anne Levrard, le 30 mai 1774, toujours à Sainte-Sabine, et aura cinq enfants entre 1775 et 1787.  Son acte de mariage est contresigné par trois p.devaux et un j.devaux.

Le second Pierre Devaux, est présenté comme laboureur dans son acte de mariage et comme bordager dans l’acte de mariage de son fils. Il est né le 22 janvier 1726, également à Sainte-Sabine et a épousé Louise Féau le 13 juillet 1750.

Le couple aura dix enfants, trois garçons, six filles et un anonyme décédé à  la naissance en janvier  1751 : Pierre (1752), Louise (1753), Louise (1755), Anne-Jeanne (1756), Jeanne (1757), Marie (1759), Marie-Louise (1760), Jean (1763), Justin-Pierre (1767) ; Seuls Pierre et Justin-Pierre survivront, les huit autres sont morts en bas âge.  Après le décès de Louise Féau le 16 juin 1770, il va épouser Madeleine Moreau le 18 janvier 1771, dont il aura deux fils, Noël en 1772  et Pierre Charles, qui va également décéder à l’âge de six mois en 1776.

Quelle hécatombe ! tous ces décès d’enfants, sans doute incompréhensibles pour les parents, n’ont-ils pas conduit notre Pierre Devaux  à rechercher dans la religion une consolation bien improbable ? Il est d’une famille de sacristes, lui-même est noté comme tel, mais c’est surtout son frère Jean, qui assure régulièrement cette fonction. En définitive, je pense que c’est bien lui notre chantre de l’église de Poché. Mais quelles sont ses origines ?

Il m’a fallu consulter plusieurs registres pour remonter l’ascendance de ce Pierre Devaux, en commençant par son père, un autre Pierre Devaux, né à Sainte-Sabine en 1690, connu comme tisserand-marchand. Il a épousé Anne Boussin le 28 novembre 1724 dont il a eu quatre enfants, Pierre (1726) déjà vu, Jean-Julien (1727), Jacques (1729), Anne (1732),
les deux derniers, morts en bas âge. Il décèdera en 1763. Son fils Pierre sera laboureur, Jean-Julien sera tisserand  comme son père et sacriste.

tisserand vincent Van gogh 2.JPG

Le tisserand (Vincent Van Gogh)

 

Pour la génération suivante, nous sortons de Sainte-Sabine pour nous rendre à Neuvillalais, et nous quittons les Pierre pour des Jean. 

Jean Devaux, chirurgien apothicaire de Neuvillalais, né à Neuvillalais le 8 novembre 1658, a épousé Catherine Coulon le 20 juillet 1682 à Sillé le Guillaume. Ils vont avoir huit enfants : Catherine (1683), Jean (1684), Jacques (1685), Anne (1686), Joseph (1688 ), Madeleine (1689), Pierre (1690 ), Marie (1691). Un Jean Devaux apothicaire est inhumé à Neuvillalais, le 23 décembre 1691 et un autre Jean Devaux, chirurgien, est inhumé le 3 février 1692, sans doute le père du premier, sachant que, selon les actes de naissance de ses enfants, l’époux de Catherine Coulon est présenté comme apothicaire ou comme chirurgien ou les deux à la fois !  Il est donc difficile de définir exactement la date de son décès sans accéder aux actes notariés. Dans la plupart des actes, les Devaux signent, ainsi d’ailleurs que Catherine Coulon, qui mourra à l’âge de 82 ans. C’est avec cette génération que l’on quitte Neuvillalais pour Sainte-Sabine. On peut penser que Catherine Coulon, mère de huit enfants âgés de huit ans à quelques jours et veuve s’est rapprochée de Sainte-Sabine où elle devait pouvoir trouver un soutien familial. Il ne semble pas qu’elle se soit remariée.

Remontons encore pour trouver les parents de ce jean Devaux, ce sera un autre jean Devaux, écrit Devault, qui a épousé Anne Beillin le 1er février 1651 à Neuvillalais. Il est le fils de Jean Devaulx, chirurgien (inhumé à 1er septembre 1639) et de Jeanne Corbin (inhumée le 19 juin 1636 ) à Neuvillalais.

Le-Chirurgien1638David RyckaertIII.jpg

le chirurgien (David Rickaert)

Ici s’arrête mes recherches, les registres ne permettant pas d’aller plus loin.

Comme on peut le voir, il s’agit d’une famille d’un rang social relativement élevé, chirurgien, apothicaire. En tout état de cause, les Devaux sont éduqués, savent lire et signent leurs actes, y compris les femmes, ce qui n’est pas courant à cette époque. A partir de 1692, après le décès de son mari, Catherine Coulon, a pu trouver aide et soutien à Sainte-Sabine, mais cela n’a sans doute pas été jusqu’à permettre à ses enfants de garder le même rang social : Pierre est laboureur, puis bordager, Jean est tisserand.

Une autre branche, résidant à Sainte-Sabine, comprenait un notaire royal au comté du Maine : Jan Devaux marié à Marie Emery en 1682. Ils ont eu neuf enfants dont un René qui deviendra également notaire royal résidant à Saint Jean d’Assé.  Au vu des actes de naissance de ses enfants, il ne semble qu’il y ait eu beaucoup de relations entre cette branche et celle des  Devaux de Neuvilallais qui ne sont jamais cités comme parrain ou marraine.

A noter, pour compléter l’histoire de cette famille, que Jean Devaux (frère de notre chantre), tisserand et sacriste, a épousé, en 1750, en premières noces, Marie Dutertre, âgée de 17 ans dont il a eu dix enfants dont cinq décédés en bas âge. Après le décès de Marie Dutertre à l’âge de 36 ans, il a épousé en 1770 Anne Buon, dont il a eu douze enfants, dont trois sont décédés également en bas âge.

 

Les registres paroissiaux sont une source très intéressante pour découvrir une famille, mais pas suffisante. Il faudrait une étude plus approfondie  des actes notariés pour faire plus ample connaissance.

Christiane Palasset

 

 acte de mariage de Pierre Devaux et de Louise Féau. (BMS Sainte-Sabine - AD 72- 1731-1751 vue 180)

 M.DevauxPierreXFeauLouise(1750)180C.jpg

  M.DevauxPierreXLouiseFéau2(1750)180.jpg

 

 Le treizieme juillet mil Sept Cent Cinquante, apres les fiançailles et

Trois publications de bans faittes par trois dimanches consceccutifs aux

Prônes de nos messes parroissialles sans quil sy soit trouvé empechement

 Nous ptre vicaire soussigné avons conjoint en mariage Pierre

Devaux Garçon borerfils de pierre devaux tixier et danne boussin

Sa femme ses père et mère d’une part et Louise feau

Fille de Michel feau boer et de Loïse Bigot aussi

Ses père et mere tous deux de cette parroisse d’autre part

Et leurs avons donné la benediction nuptiale en assistance de

Leurs dits peres et meres et de plusieurs autres leurs parens

Et en presence de Nicolas Garnier, de jean et Joseph les euvrards

Marchands, demeurants aussi bien que les etablis cy dessus

en cette parroisse temoins a ce Requis et appelés et ont lesdits

etablis declarés ne scavoir signer forts les soussignés de ce enquis

 

p.devaux, J.Devaux, p devaux, Louis Loyseau, J.boussin, j.Dutertre,

JEuvrard, N garnier, JEuvrard, f.pichory

 



15/01/2014
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